Comment découvre-t-on, à partir de la lettre d’un haut fonctionnaire de Thiers (Auvergne) qui remercie pour l’envoi de deux romans, l’existence de leur auteur, Marcel Étienne Grancher (1897-1976), journaliste mais aussi homme de lettres prolifique (plus de 90 titres à son actif en un demi-siècle) et éditeur inventif.
Pétri d’humour et maniant une langue fleurie, il fut, à Lyon, en 1937, le mentor du jeune Frédéric Dard (1921-2000), qui marchera sur ses traces. Le futur père de San Antonio évoque cet apprentissage dans son livre Le Cirque Grancher écrit en 1946. Et tous deux signeront une pièce de théâtre comique Tartempion en 1952.
Grancher a fréquenté avec bonheur les écrivains Pierre Mac Orlan, Georges Courteline, Henri Béraud, Francis Carco, Marcel Achard mais aussi Roland Dorgelès, Marcel Aymé, Colette, Pierre Benoit ou encore Joseph Kessel.
Passionné d’automobile, grand amateur de bonne chère et de vins fins, il versera dans la gastronomie et fondera en 1948 l’Académie Rabelais dont il se dira « le secrétaire provisoirement perpétuel », instituant le Prix du même nom, doté de 50 bouteilles de Beaujolais, encore décerné de nos jours à « une œuvre gaie et de bonne humeur ».
Si Grancher cite l’Yonne dans cinq de ses ouvrages, il évoque plus particulièrement le Sénonais dans six autres, narrant même une anecdote à propos d’une rue sénonaise, et il situe dans « notre bonne ville de Sens », toute l’action d’une de ses parodies de roman policier Le cervelas avait disparu !, un ouvrage à la fois léger et érudit.
Des associations d’« Amis de Marcel-E. Grancher » ont même vu le jour dans l’Yonne en 1964 « pour propager l’optimisme et fournir des livres gais » et dans le Jura en 1986 afin de « perpétuer sa mémoire et faire mieux connaître son œuvre littéraire auprès des jeunes générations ». Dictionnaires et anthologies ne l’ont pas oublié non plus.