La découverte d’une lettre inédite est un événement dès lors que l’auteur jouit d’une véritable notoriété et que sa correspondance a déjà été dûment établie. C’est ce qui arrive avec la mise en lumière d’une lettre de Barbey d’Aurevilly, conservée par la Société archéologique de Sens et faisant partie de la collection d’autographes d’Eugène de Ribier.
Jules Barbey d’Aurevilly, né en 1808 dans le Cotentin et mort à Paris en 1889, a parfois souffert d’une réputation d’écrivain secondaire, voire régionaliste. Les nombreux travaux qui lui ont été consacrés depuis un demi-siècle et le réajustement de l’histoire littéraire ont permis de réviser ce point de vue et de réhabiliter une œuvre originale et puissante. Publiés de 1851 à 1884, ses romans et nouvelles sont fortement marqués par l’empreinte romantique à une époque où triomphe plutôt le réalisme. Mais il s’agit d’un Romantisme noir et violent, où le problème du mal occupe toujours une position centrale. D’autre part, et ce n’est pas le moindre paradoxe de cet écrivain conservateur, monarchiste et catholique, plusieurs de ses récits suscitèrent le scandale, il fut accusé d’immoralité et eut des démêlés avec la censure. Outre ses récits, Barbey d’Aurevilly a laissé une œuvre considérable de journaliste et de critique littéraire, où sa plume acerbe n’épargne pas ses contemporains, mais où il sait reconnaître les talents majeurs, comme celui de Baudelaire. Sa correspondance compte aussi parmi les productions épistolaires remarquables du XIXe siècle.
La lettre en question est adressée au directeur d’un journal à un moment où Barbey d’Aurevilly est menacé de renvoi. Il s’agit d’une question vitale pour un auteur qui vit de sa plume et, à la différence de son contemporain Flaubert, ne dispose pas de fortune personnelle.
La communication proposera une étude de cette lettre et sera l’occasion de revenir sur la vie et l’œuvre de celui qui fut dandy anachronique, critique intransigeant et auteur sulfureux.
