La lèpre a traversé tout le Moyen Âge du IVe siècle au XIVe siècle, date à laquelle elle a disparu. La lèpre a cela de paradoxal est que ce fut une maladie relativement exceptionnelle à qui on a donné des moyens extraordinaires. Elle a suscité attirance et répulsion, et s’est inscrite fortement dans l’imaginaire. La lèpre est une maladie fortement mutilatrice qui va inspirer l’horreur et l’exécration avec une évolution lente. Elle fut ramenée d’Orient par les premiers pèlerinages et surtout lors des croisades. L’accueil du lépreux par la communauté va évoluer, de pécheur en marche vers la rédemption, il deviendra le reprouvé que l’on doit isoler en lieux dédiés ou rejetés condamnés à l’errance.
Nous avons essayé de retranscrire l’histoire de la léproserie du Popelin de Sens d’après les différentes chroniques, les cartulaires et obituaires qui nous sont parvenus. À Sens, les lépreux étaient accueillis à l’abbaye de Saint-Pierre-le-Vif, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus tolérés. Ils ont été transférés sur une terre à l’écart de Sens au lieu-dit le Popelin ; cette création a eu lieu entre 1108 et 1120. Après la protection accordée par le pape Alexandre III, les dons affluent qu’ils viennent de nantis ou plus simples, voire assez particuliers ; dons qui n’ont pas été sans contestation. Ces différents actes nous permettent d’appréhender et restituer la vie très riche au Popelin . Elle était régie selon la règle augustinienne ; le Popelin accueillait non seulement les lépreux mais aussi les frères et sœurs sains désirant faire pénitence. En 1388, elle a été déclarée bien ecclésiastique au mépris des échevins de Sens, elle leur fut rendue en 1560 et remis définitivement à l’Hôtel-Dieu de Sens.
La lèpre a pratiquement disparu de l’Europe au XIV° siècle, plusieurs hypothèses ont été émises. Malheureusement elle sévit toujours dans le monde. L’Yonne s’honore d’avoir à Cudot la « lépreuse de Dieu », sainte Alpais, son culte persiste tous les lundis de Pentecôte.