Dès 1940 naquirent parallèlement deux formes de la Résistance française au nazisme et à l’occupation du pays : une Résistance extérieure, incarnée par le général de Gaulle et la France libre ; une Résistance intérieure, rassemblant d’abord des individus, puis de petits groupes, enfin des organisations, mouvements et réseaux. Elles prirent rapidement conscience de leur interdépendance : la France libre avait besoin de renseignements et de reconnaissance, la Résistance intérieure avait besoin d’armes, de munitions et de matériel de sabotage. Si la radio anglaise pouvait véhiculer des informations, les parachutages étaient l’indispensable moyen de ravitailler en armes la Résistance intérieure.
Plus de 80 parachutages nocturnes furent effectués dans l’Yonne sous l’Occupation, la plupart durant le printemps et l’été 1944, en Puisaye et dans le Jovinien. Quelques parachutages eurent néanmoins lieu bien plus tôt, dans le nord du département.
En septembre 1941 et en mai 1942 deux parachutages eurent lieu à Chaumont d’abord, à Courlon ensuite, dans le cadre d’une des premières missions de liaison entre la France libre et la Résistance intérieure. Il s’agissait pour les deux agents de la France libre parachutés à Chaumont, de prendre contact avec la résistance communiste parisienne et éventuellement de lui livrer des armes. La mission fut une complète réussite. De riches fonds d’archives permettent d’en reconstituer le déroulement et d’en monter l’originalité.
Tout à fait différents furent les parachutages de Michery, de la ferme de Glacier à Nailly et des carrières de Soucy, en juin et août 1943. Il s’agissait alors de constituer des dépôts d’armes et de munitions qui pourraient être utilisées par les résistants quand viendraient le débarquement et l’ouverture d’un second front, qu’on espérait possible à la fin de l’automne 1943. Des équipes de résistants locaux furent constituées pour proposer des terrains de parachutages à Londres qui les homologuait, puis pour réceptionner les containers parachutés et constituer des dépôts clandestins.
Une petite partie des armes du dépôt de Michery alimenta néanmoins la résistance communiste parisienne, et les dépôts de Nailly et de Soucy armèrent des résistants FTP du Sénonais. Tandis que la filière parisienne était infiltrée par les brigades anticommunistes de la police française qui purent s’emparer du dépôt de Michery, la trahison d’un nouveau responsable du Bureau des opérations aériennes arrivé à Sens début septembre 1943, provoqua la saisie des armes de Nailly et de Soucy. Il s’en suivit une intense vague de répression et le démantèlement de la résistance gaulliste sénonaise.